LE CORRIDOR FORESTIER, recit de 3 jours de marche dans les montagnes de l’Andringitra, Madagascar

Notre randonneur préféré Papavelo nous a fait parvenir des nouvelles de ses périples dans les montagnes de l’Andringitra,
Une région intéressante et méconnue pour la pratique de la randonnée se situe le long du corridor forestier qui sépare les hautes terres de la côte est. Plusieurs chemins sont possibles entre Fianarantsoa et Ambalavao. 2 à 3 jours sont nécessaires suivant le tracé emprunté, pour rejoindre la magnifique vallée d’Ikongo qui s’étire de Tolongoina à Ifanirea.
De nombreux cours d’eau, rivières, cascades jalonnent le parcours qui se déroule principalement dans une forêt dense avec de grands arbres, partiellement préservée pour le moment.
Je décrirais la section qui me plaît le mieux entre Ambohimahamasina et Ankarimbelo. (2 jours)

Jour 1: Ambalavao – Ambohimahamasina – Atsipopoaka Nous avons une heure de voiture pour arriver à Ambohimahamasina. Nous sommes mercredi, jour de marché. Les porteurs font leurs emplettes. Notre approvisionnement personnel est déjà effectué depuis Tana. Les produits frais sont achetés à Fianarantsoa. Départ pour 4h de marche jusqu’à l’entrée de la forêt. Nous évoluons à travers champs où l’activité paysanne est très intense.
Entre le riz, le blé, les différents brèdes, les patates douces, les pommes de terres, carottes….les volailles circulent en liberté, les canards s’éclatent à grands rires, les zébus se reposent entre deux chargements. Les collines rases se succèdent, quelques petits hameaux nantis de leur rizière décorent ce paysage lunaire.
La forêt est en vue, véritable barrière végétale dressée telle une muraille. Le camp est sur la gauche, aménagement sommaire d’une suite de toits en « falava », abritant sous le premier, la cuisine et ses fataperas (foyers) constitués de pierres plates disposées en triangle. Un peu plus loin, un autre toit abrite la douche et les wc.
3 espaces couverts en falava servent à y protéger les tentes des assauts de la pluie, sur ces terres ouvertes aux vents.
L’endroit est zen. Le ballet des herbes hautes, palette de vert, de rouge et d’ocre, offre un spectacle vivant d’une lande en mouvement. C’est beau !

Jour 2: Atsipopoaka – Iabany bi – Faliarivo
Nous entrons dans la forêt subitement pour ne plus la quitter de toute la journée. L’étroitesse des profonds sillons tracés dans la latérite rose vif, parfois tachetée d’ocre ou d’orange, impose parfois d’évoluer comme sur un fil, un pied remplaçant l’autre, ou bien a cheval sur les bordures glissantes parsemées de fougères et de lychens. Le contraste du rose et du vert est saisissant.
Nous croisons plusieurs caravanes de « costauds » chargés de bidons apparemment plein. L’odeur en tout cas, sentie trois cent mètres avant, ne laisse aucun doute de leur contenu : c’est bien du rhum ! Ici, on dit que les Tanala échangent leur rhum contre le tabac des hautes terres du Betsiléo. Tout se fait à pieds, par la montagne aux passes les plus sûres.
Avec la chaleur, nous commençons à perler, chargés uniquement de notre petit sac « vasaha » de 4 à 5 kg et nous sommes en descente.
Eux transportent 60 à 80 litres par tête, répartis en bidons sur un bâton porté sur l’épaule. Ils sont en montée.

Le descente devient plus rude, la forêt plus dense aussi. Les espèces de palissandre et autres bois durs malgaches sont encore bien présentes pendant cette journée de marche. La caravane s’étire en silence, contournant les rochers, franchissant les cours d’eau qui se feront de plus en plus rapides. Le paysage filtre à travers la forêt laissant deviner une vallée profonde. Une magnifique cascade paraît accessible, mais aucun chemin ne se dessine. Gilbert Razafimamonjy, mon ami zafimaniry avec qui j’ai un long passé d’exploration dans plusieurs endroits de l’île, demande à l’équipe de défricher un accès. 1h plus tard, un passage est ouvert, nous arrivons à ce lieu magique.
La cascade court en plusieurs ressauts formant de grandes vasques où il fait bon se baigner. Ici, c’est la douche sous la cascade et la baignoire dans ces piscines naturelles.

Plus bas, de plus petites vasques, une dizaine, renferment de minuscules paillettes d’or. Surprise totale pour nos porteurs qui trouvent ici leur passe temps favoris. Sûr ! Ils reviendront sans nous ! Nous faisons une halte d’environ deux heures avant de repartir. Plus bas, la descente est en escalier. Ce n’est pas dangereux, mais il faut être vigilant et avoir le pied sûr. Les porteurs sont pieds nus.
La vallée est à notre gauche. Le panorama est splendide. La grande falaise de granit dresse ses deux cent mètres au dessus de la forêt dense. 2 petits villages se dessinent au loin: Faliarivo au premier plan, puis Ankarimbelo au loin.
Au petit hameau de Iabany Bi, nous en avons plein les bottes. La descente met les genoux à rude épreuve. Dormir ici est possible, mais l’endroit est étroit, sans lumière sous les arbres et sans beaucoup de charme, mis à part la gentillesse d’un vieux monsieur. Les locaux viennent souvent ici, observer une pause avant de poursuivre leur chemin.
Il nous reste 2h de descente en lacet pour atteindre ce magnifique village de Faliarivo, que nous apercevons en contre bas.

A sa gauche, une très belle rivière serpente à travers les grandes plantations de Ravintsara, plante magique, mondialement reconnue pour ses bienfaits.
L’accueil et la gentillesse des habitants nous mettent à l’aise. Le docteur nous propose la cour de l’école pour y planter nos tentes. Il faudra dégager de bonne heure pour la rentrée des écoliers qui seront là vers 6h du matin.
Jour 3: Faliarivo – Vohipeno – Manakara
Départ pour 5h de piste praticable en camion, pour rejoindre Vohipeno, puis Manakara.
Il est possible aussi d’emprunter la rivière au départ de Faliarivo et partir pour de nouvelles découvertes en canoë jusqu’à Vohipeno, puis par le canal, jusqu’à Manakara.

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Nick

Cela fait 10 ans que je suis agent de réservation dans une grande agence de voyage en ligne 😉 Mon métier me permet de découvrir régulièrement des idées de voyage originales ! Je voulais être écrivain 😀 participer à voyagidees.com me permet d’écrire et de voyager ! A vous lire très bientôt dans les commentaires !