Au cœur du 9e arrondissement parisien, à quelques pas de la gare Saint-Lazare trône fièrement le Printemps Haussmann, un grand magasin réputé pour son sens de l’innovation, ses marques de luxe et ses vitrines animées à la période de Noël. Les Parisiens tant que les visiteurs étrangers s’y retrouvent pour faire leur shopping, trouver un cadeau d’exception ou flâner simplement le long des allées majestueuses où s’alignent impeccablement des articles de maroquinerie, des cosmétiques, de la vaisselle, des bijoux haut-de-gamme et des habits. Découvrez l’histoire d’un des plus célèbres édifices de la mode parisienne, depuis sa création jusqu’à ses toutes dernières nouveautés.
Les débuts du Printemps en 1865
La deuxième moitié du 19e siècle, marque l’apparition des grands magasins, des établissements qui regroupent plusieurs enseignes de produits courants ou de luxe, ainsi accessibles au même endroit à la clientèle. En 1852, Aristide et Marguerite Boucicaut s’associent aux frères Videau pour lancer les bases d’un grand magasin intitulé Le Bon Marché. Les principes qui y ont court sont novateurs :
– les produits présentés proviennent de domaines différents et sont abondants ;
– les prix sont uniques, non négociables, fixés avec une marge faible et identifiés par étiquette ;
– l’accès y est facile pour tout le monde ;
– la garantie satisfait ou remboursé encourage à l’achat ;
– la mise en scène des articles fait partie du processus de vente.
Tandis que Le Bon Marché prospère sur la rive gauche de la Seine, le Printemps voit le jour en 1865, par acte notarié signé par Jules Jaluzot et Jean-Alfred Duclos. Ces derniers choisissent un emplacement non conventionnel pour un grand magasin de l’époque : le croisement de la rue du Havre et du boulevard Haussmann, à distance de toute l’agitation parisienne. Ce n’est sans doute pas un hasard, et Jules Jaluzot a pu pressentir l’attrait futur du quartier avec la proximité de la gare et le développement des transports en commun.
Le 3 novembre 1865, le Printemps Haussmann est inauguré dans un bâtiment construit par les architectes Jules et Paul Sédille. Les vitrines laissent voir au public l’ensemble de galeries qui s’ouvre à l’intérieur. Un curé participe à la cérémonie et bénit le bâtiment.
Un succès immédiat et de longue durée malgré les crises
Dès sa première année d’existence, le Printemps parisien remporte un large succès. Il commercialise notamment une soie de couleur noire qui sera plébiscitée par les femmes jusqu’au début du 20e siècle. En 1866, le Printemps marque une innovation phare dans l’univers des grands magasins : les soldes. Ce principe permet de vendre des marchandises fatiguées ou abimées sans tromper la clientèle. D’autre part, cela assure la fraîcheur et la nouveauté des articles qui ne sont pas soldés.
En 1874, les bâtiments consacrés au Printemps s’agrandissent et se dotent d’ascenseurs, une exclusivité remarquée lors de l’Exposition Universelle qui vaut au grand magasin son lot de publicité dans la presse. La guerre contre la Prusse, terminée en 1873, a ralenti l’activité du Printemps, mais elle repart de plus belle grâce à une bonne gestion des stocks.
En 1881, c’est un incendie qui ébranle et détruit une bonne partie du bâtiment. 40 ans plus tard, un nouvel incendie entraine la reconstruction beaucoup plus précautionneuse du magasin en ce qui concerne les normes électriques.
Depuis les années 30, le Printemps ne cesse d’innover afin d’entretenir son image prestigieuse. Il accueille des escaliers mécaniques pour faciliter l’accès aux rayons supérieurs, héberge des défilés de haute couture, invite des marionnettes dans ses vitrines animées de fin d’année et fait la part belle aux artisans les plus réputés de France. La maison joaillière Arthus-Bertrand y installe d’ailleurs sa bijouterie Paris 9 en 2022 dans un corner dédié, où les clients peuvent admirer les collections contemporaines de médailles et y faire concevoir leurs propres bijoux.
Après la crise de 2020 liée au Covid, le Printemps repart sur des bases plutôt engageantes d’après ses dirigeants, qui se montrent satisfaits des ventes effectuées en 2021. Malgré les conditions qui ont entrainé la fermeture de certains de ses magasins, cet incontournable du monde parisien semble avoir encore de beaux jours devant lui.
